Le livre d'or de l'Algérie par Narcisse Faucon -1889-
préfacé par le colonel Trumelet
..Vous pensez, me dites-vous, que mon nom fera bien en tète de votre Livre, et cela parce que je ne suis point tout à fait un inconnu pour les Algériens. Partant de là, vous me demandez de vous faire un bout de préface, qui vous servirait de lettre d’introduction dans le monde dont vous avez en l’excellente idée de vous occuper, monde d’autant plus intéressant, à mes yeux, qu’il compose, en morts et en vivants, la constellation étincelante qui brille au front de l’Algérie.
Certes, vous me faites beaucoup d’honneur en vous adressant à moi pour cette besogne, qui, je l’avoue, ne saurait m’être désagréable; car, si j’aime l’Algérie, je suis loin de détester ceux qui l’ont faite : les soldats et les colons, c’est-à dire l’épée et le soc. Il y a longtemps, en effet, que j’ai appelé,pour la première fois, le fer de l’épée et celui de la charrue «les deux nobles fers ». Le fer est, évidemment, le métal par excellence, le métal sauveur ; et le vainqueur définitif, dans les luttes finales, sera celui qui en aura le dernier à la main et au côté, le fer qui nourrit et le fer qui protège, le soc et l’épée.
Avec le fer, on combat la terre et on l’oblige à produire ; avec l’épée, on combat l’ennemi.......
En résumé, votre Livre est une bonne oeuvre, une excellente idée; il est d’un patriote et d’un laborieux, et il porte avec lui une salubrité morale qui ne peut être que profitable à la jeune génération et à celles qui la suivront.
Laissez-moi, mon cher ami, lui souhaiter le succès qu’il mérite.
Colonel TRUMELET. Valence, le 26 août 1880.